Yun-Cheol Kim (Président, AICT)[1]
À l’évidence, en tant que critiques, nous nous intéressons depuis longtemps aux moyens de survivre au nouvel environnement des cybermédias. À l’occasion de plusieurs rencontres et colloques de l’AICT, on nous demande de traiter de cette crise, voire, de la mort de la critique conventionnelle, ou des manières d’absorber la culture du blogue dans notre profession. J’ai déjà pris part à de nombreuses discussions sur le sujet, tout récemment à Melbourne et à Bucarest, respectivement en octobre et en novembre derniers. Souvent, je trouve que les critiques chevronnés sont préoccupés par la faiblesse et le style d’écriture des blogues, et que les jeunes sont plus ouverts aux nouveaux technologiques. Ainsi, ce 9e numéro de Scènes critiques offre un dossier de neuf articles sur la critique dans les blogues. Grâce à la brillante direction éditoriale d’Andrea Tompa, cette section représente, de loin, l’effort le plus achevé de s’attaquer à ce nouveau phénomène et d’en rendre compte. Il est exact que plusieurs de nos collègues perdent leur emploi de critiques de théâtre dans les médias écrits, mais ils se battent pour trouver de nouvelles formes de critiques, qui conviennent à la technologie d’aujourd’hui sans faire de compromis sur l’excellence. D’autres trouvent déjà des moyens de tirer le meilleur parti de ce nouveau média, tout comme l’ont fait les critiques qui ont créé la nachtkritik, un blogue de langue allemande, pour en faire une success story, attirant suffisamment de lecteurs et de publicité pour devenir rentable – pas encore assez, mais c’est tout de même impressionnant. Je crois fermement que cette section de la revue constitue actuellement le point culminant le plus positif dans cette offensive.
La section des exposés de colloques revient sur nos rencontres de Jönköping, en Suède, et de Santa Cruz, en Bolivie. Je suis particulièrement fier d’avoir inclus cette rencontre d’Amérique du Sud. De même, nos comptes rendus de spectacles proviennent d’un peu partout : d’Asie, d’Amérique du Sud, d’Europe. Notre caractère international est notre plus grand atout et nous continuerons de miser sur cette tradition. Nous publions deux essais de collègues européens : l’article de Patrice Pavis sur « Dramaturgie et postdramaturgie » est pénétrant et inspirant tandis que celui de Maria Shevtsova sur La Mouetted’Oskaras Korsunovas est magnifique, à la fois sur les plans journalistique et académique. On trouvera dans ce numéro une contribution spéciale : le texte du discours que Georges Banu a livré à l’événement organisé en son honneur à Cluj, en Roumanie. Banu, président honoraire de l’AICT, a publié de nombreux ouvrages sur des sujets fascinants et rendu le discours sur le théâtre aussi attrayant qu’intéressant et pertinent. Je suis très fier de ses réalisations. Nous publions aussi des entrevues intéressantes, cette fois surtout avec des artistes américains, et des comptes rendus de lectures qu’il ne faut pas manquer.
Le premier objectif de Critical Stages/Scènes critiques est de traiter du théâtre et de la critique sur le plan international. Nous préparons dès maintenant des entrevues avec des artistes du théâtre sur la critique pour notre 10e numéro, qui à coup sûr suscitera l’intérêt de collègues du monde entier. Alors, profitez bien du présent numéro, dans l’attente du prochain.
[1] Yun-Cheol Kim is President of IATC; recipient of the Cultural Order of Korea; Professor at the School of Drama, Korea National University of Arts; editor-in-chief of Critical Stages. Two-time winner of the “Critic of the Year Award,” he has published ten books so far, two of which are anthologies of theatre reviews.