Yun-Cheol Kim
Je suis très heureux de mettre en ligne ce sixième numéro de Critical Stages/Scènes critiques, si riche d’articles sur des sujets intéressants. En particulier, la section des Sujets spéciaux abonde en articles touchants sur la manière dont le désastre du 3/11 a affecté la scène théâtrale au Japon. Nous savons tous avec quel calme et quel courage le peuple japonais a abordé ce désastre naturel. Maintenant, grâce à ces articles, nous apprenons que nos collègues japonais, critiques autant que praticiens, ont aussi eu une conduite héroïque et engagée dans leur travail et dans leur société. Une nouvelle leçon que nous tirons de ce désastre existentiellement absurde est un truisme : le théâtre devrait comporter une fonction sociale. Par ailleurs, deux témoins pakistanais nous racontent comment un désastre politique a influencé leur théâtre. Cet article est aussi coécrit avec autant de courage que de passion.
Une autre pièce importante de ce numéro concerne Mme Kapila Vatsyayan. Cette universitaire et artiste indienne réputée est en effet la 4e lauréate du prix Thalie. Pour la première fois, l’AICT a donc remis ce prix à quelqu’un ne venant pas d’Occident. Mme Vatsyayan est aussi la première femme à le recevoir. Son discours d’acceptation, qu’elle a livré par DVD au congrès de l’AICT à Varsovie à la fin de mars, a justifié avec élégance notre décision de lui accorder ce prix, qui est attribué à des personnes qui ont influencé de manière significative notre pensée critique par leurs écrits.
Dans ce 6e numéro, nous publions aussi des entrevues intéressantes avec des metteurs en scène, des acteurs et des auteurs importants de Bulgarie, de France, d’Italie, de Roumanie et des États-Unis. Nos critiques de spectacles portent sur neuf pièces de théâtre ou événements contemporains : d’Azerbaïdjan, des pays baltes, du Canada, de France, de Finlande, de Hongrie, d’Italie, de Corée et de Roumanie. Nous avons aussi deux essais interculturels par des auteurs français sur des spectacles coréen et japonais. Trois ouvrages importants sont recensés, notamment celui par un collègue français sur l’entrevue de Mark Brown avec Howard Barker, un auteur britannique qui mérite une plus grande attention dans son pays et dans le monde. Il faut le répéter : aucune revue théâtrale n’est aussi internationale que Critical Stages/Scènes critiques. Pour le présent numéro, 27 auteurs de 18 pays nous offrent 33 articles.
J’ai décidé de publier mon discours inaugural du congrès de Varsovie dans la section Critiques sur la critique, car il traite davantage de critique que de phénoménologie. J’espère recevoir d’autres essais sur la critique pour les prochains numéros. Car à notre époque anti-critique, nous ne pouvons pas négliger notre mandat professionnel de promouvoir la critique dramatique. Et mes collègues autour du monde le savent bien. Il est encourageant cependant de savoir que les membres de notre comité éditorial ont résolu de prendre part à ce métadiscours sur la critique, lors de notre rencontre annuelle du comité deScènes critiques au début de juin à Sibiu, en Roumanie.
Enfin, j’aimerais inviter sincèrement nos lecteurs à inviter à leur tour leurs amis, collègues et étudiants à découvrir cette revue importante, et ainsi à en apprendre davantage sur le théâtre contemporain et la critique théâtrale dans le monde. Merci.