Guest Editors: Margareta Sörenson and Jean-Pierre Han

Introduction

Margareta Sörenson*

Sacred or vulgar, preachy or entertaining, fine art or amateurism? World Heritage or contemporary art? Experimental, maybe? Puppetry, an art often neglected, marginalised and swept away into the children’s toybox , still has its place within the vast landscape of performing arts, but is difficult to define. It is an elusive art. A hybrid.

The multi-layered history of puppetry seems to block the way we can talk about it; even the very terminology used ”imprisons” it,  setting up barriers around an art form which from a historical viewpoint has been literally everywhere, multiformed and elastic as the shadows described by Plato in ancient Greece.

Since the first generations of modernists in the Western world, artists have kept an inventive eye on the possibilities of puppetry. This special issue of Critical Stages/Scènes critiques will not deal with the fascinating history of puppetry, but will focus on its contemporaneity. Giant figures and tiny objects, body masks turning the puppeteer/actor into a human figurine: puppetry might be seen as a sister of the plastic arts, an old grandmother of the technological solutions that our era of programming is offering. Not least, shadow theatre is as classical as it is contemporary, close to the seventh art form: cinema. In all forms of puppetry, anywhere in the globe, music and dance are vital elements on stage. It is, in fact, difficult to imagine puppets without music, stressing the movement, more or less dancing.

Today’s puppet artists are usually educated in conservatoires and universities specializing in puppetry. They are encouraged to work with literature, with other art forms and make puppetry melt into the performing arts. In this special issue the reader will meet writers who have been educated or are teaching at l’Institut Internationale de la Marionette in Charleville-Mézières, France or in London’s Royal Central School of Speech and Drama – two of many schools of great importance for a young generation of puppet artists.

Popular culture and puppetry have always had a close relationship; the heritage of political satire from the days of Punch has continued into the era of Jim Henson and the Muppets. Today, the language of images is translated from comics into puppetry; and the distance between animated film and puppetry is diminishing more and more – in fact puppet artists and their figures are often drafted in for more realistic  motions in animated films.

Is there a risk that a special profession, centuries old, will be swept away by this new, general wave to integrate puppetry or at least puppets in ”anything”? The special skills of artists capable of handling marionettes with 18 strings or more – will they survive? We cannot know. Free arts have the right to pursue their own paths and must be free to develop. At the moment we follow with great interest the trajectory of the art form of puppetry and how this course affects the performing arts as such.

And what about the critics? It would be most honest and simple to confess: far too many of us know far too little about a theatrical form as rich, classic, daring and avantgarde. This special issue of Critical Stages invites its readers to gain a more profound  picture of contemporary puppetry.  It deserves it.


*Margareta Sörenson, president of IATC, is a Swedish theatre and dance critic, and a writer and researcher in dance history. She has written for the daily national paper Expressen since the early 1980s, and for the Swedish dance journal, Danstidningen, in addition to writing a number of books on the performing arts, the latest on Mats Ek, with photographer Lesley Leslie-Spinks. Her special interests in dance and puppetry have often led her to the Asian classical stage arts and increased her curiosity about contemporary ones.


Théâtre de marionnettes : quelques aperçus

Jean-Pierre Han*

Sacré ou profane, didactique ou divertissant, est-ce un art savant ou une pratique amateur ? Dans le vaste  paysage des arts de la scène, l’art de la marionnette, ou les arts de la marionnette, restent difficiles à définir, et sont souvent relégués dans la boîte à joujoux des enfants, quand on ne les ignore pas complètement.

Comment parler du théâtre de la marionnette, de sa spécificité si elle existe, alors même que cette forme de théâtre a toujours historiquement été étroitement mêlée aux autres arts de la scène ? Est-ce un art autonome ou se coule-t-il dans la forme théâtrale au gré du bon vouloir des uns et des autres. Est-ce un art secondaire ou mineur destiné à servir la ”noble” forme du théâtre ?

On observera que les artistes du monde occidental moderne ne manquent pas d’être attentifs aux multiples possibilités que leur offrent les arts de la marionnette que l’on peine justement à définir en raison de la multiplicité de ses manifestations.

Ce dossier consacré aux marionnettes n’entend pas – ce serait un sujet bien trop vaste – parler de l’histoire de la marionnette, mais prétend plus modestement mettre en exergue quelques-unes de ses manifestations contemporaines, ici et là de par le monde, lesquelles sont souvent et toujours étroitement liées à d’autres disciplines artistiques comme la danse, la musique ou les arts plastiques.

Quelle relation la marionnette entretient-elle avec les arts d’aujourd’hui comme le cinéma, la vidéo, et autres nouvelles technologies ? Quelle relation entretient-elle  de nos jours avec la littérature et la BD par exemple ? Voilà qui ajoute encore à la difficulté à vraiment la saisir d’autant que du théâtre d’ombres au théâtre d’objets, en passant par le théâtre de masque par exemple, avec ses techniques variées à l’infini, il n’est guère aisé de l’appréhender d’une manière homogène.

Ce qui est sûr en revanche, c’est qu’aujourd’hui les marionnettes ont acquis, au prix d’une sévère lutte, leur entière autonomie. On en a pour preuve le fait qu’elle a développé ses propres organismes de formation comme l’Institut International de la marionnette de Charleville-Mézières en France ou a obtenu droit de cité dans les très grandes écoles de théâtre comme la London school of speech and drama en Grande-Bretagne, ou dans des Conservatoires d’art dramatique, comme dans des Instituts d’études théâtrales.

L’art de la marionnette a l’immense privilège de réunir en son sein le populaire et le savant, le grand et le petit, le minutieux et le sommaire, le raffiné et le grossier… : tout l’univers en un mot.

Une ultime question – si question il y a  – concernant la position des critiques de spectacles vivants vis-à-vis des arts de la marionnette. Force est de reconnaître les immenses lacunes de la plupart d’entre nous dans ce domaine, aussi bien dans le secteur historique que dans le secteur contemporain. Nous espérons que ce petit dossier aidera à briser les barrières entre lesquelles on insère encore trop souvent le théâtre des marionnettes, surtout au regard de son évolution contemporaine.


*Jean-Pierre Han : Journaliste et critique dramatique. A créé la revue Frictions, théâtres-écritures dont il dirige la rédaction. Rédacteur en chef des Lettres françaises. Collabore à de nombreuses publications françaises et étrangères. A enseigné pendant quinze ans à l’IET de Paris III-Sorbonne nouvelle, à Paris X, Université d’Évry. Ancien président du Syndicat de la critique de théâtre, musique, danse. Vice-Président de l’AICT (Association internationale des critiques de théâtre). Directeur des stages pour jeunes critiques. Derniers livres parus Critique dramatique et alentours (Théâtres-Écritures), 2015, Roger Vitrac : Portrait en éclats (Théâtres-Écritures), 2017.


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