Savas Patsalidis*

Patsalidis

À diriger une revue comme Critical Stages/Scènes critiques, on ne peut s’empêcher de penser qu’il s’agit d’une mission et d’une occasion de partage pour nos contemporains. En relisant les anciens numéros, je suis frappé par la manière dont les gens ayant contribué à l’essor de la revue ont à la fois reflété et amorcé des changements dans la pratique et l’étude de la représentation. J’ai débuté comme rédacteur en chef en 2014, alors même que la revue commençait à prendre une envergure internationale. Dans le numéro 11, j’ai écrit dans mon premier éditorial : « L’ambition de Scènes critiques est de croître, d’atteindre un lectorat encore plus grand et varié en s’ouvrant à d’autres formes d’expression artistique que le théâtre, comme la danse, l’art de la marionnette, le théâtre d’ombres, le cirque, entre autres. Scènes critiques veut relever les défis de la situation contemporaine avec créativité et courage, pour permettre la création de nouveaux horizons sociaux et artistiques convergeant tous vers l’espoir. Nous avons la conviction qu’il y a encore de la place pour une revue comme celle-ci pour interroger des sens et des paradoxes, offrant une parole critique sur le travail du théâtre et de la représentation, engagée sur les plans local et international. Nous avons la conviction que la fonction d’une revue artistique, comme la fonction de l’art lui-même, est de plaire et déranger. Plaire en canalisant des informations utiles, et déranger en forçant le lecteur à affronter ou à réexaminer les valeurs reçues dans un monde de plus en plus “interconnecté”. »

Fidèle à ses promesses, Scènes critiques offre aux lecteurs un premier dossier sur la danse contemporaine. Margareta Sörenson, présidente de l’AICT et critique de danse dans son pays, la Suède, ainsi que le professeur Octavian Saiu, jeune universitaire aguerri en matière d’arts du spectacle de Roumanie, ont réuni plusieurs articles et des entrevues aussi instructifs qu’éclairants pour couvrir la scène de la danse en Asie, en Afrique, en Amérique du nord au sud et en Europe. Leur intention première ne consistait pas à épuiser le sujet, mais simplement à attirer notre attention vers des notions culturelles engageantes sur le corps, le corps dansant, le corps théâtral, le corps nu. Tous les deux ont fait un excellent travail.

Pour ce qui est des autres articles de ce numéro, comme d’habitude, ils résonnent l’un avec l’autre de manière imprévue. Les exposés de colloques, dossier dirigé par le professeur Ivan Medenica de Serbie, ont été présentés à Craiova au cours du colloque consacré à Shakespeare organisé tous les deux ans par le Festival Shakespeare bisannuel. Ces trois exposés (de France, d’Angleterre et de Chine) soulignent les raisons de la popularité grandissante du Barde. Les deux articles en français dans la section des « Essais » traitent de pièces de différentes parties du monde qui tentent d’exploiter et d’explorer la relation entre scène et public. La section des « Critiques de spectacles », dont j’étais le responsable, offre treize articles qui rendent compte de spectacles venant de vingt-cinq pays, du Moyen Orient au Maroc et à la Mongolie, du Japon au Canada et à l’Argentine et de Cuba à l’Espagne et à la Grèce.

Le professeur Don Rubin, du Canada, a récolté pour Scènes critiques cinq intéressants comptes rendus de publications qui traitent de sujets brûlants de la recherche académique actuelle. La section « Critiques sur la critique », que dirige Mark Brown d’Écosse, accueille l’essai de Diana Damian Martin sur la « délibération ». Si celle-ci « fait référence à une assemblée, donc, à une collectivité »,  écrit-elle, « de quelle manière la critique orale peut-elle profiter du partage de ces caractéristiques » ? Le deuxième article de cette section, qui vient de la professeure Kalina Stefanova (de Bulgarie) s’attache aux réactions de ses étudiants de niveau supérieur à Shanghai à la question : « Qui s’en rendrait compte si les critiques disparaissaient ? » L’article principal de ce numéro vient d’un universitaire bien connu et collaborateur fidèle de CS/SC, le professeur Patrice Pavis.

La doctorante Katerina Delikonstantinidou, qui représente un atout extraordinaire dans notre développement, continue d’enrichir sa collection d’hyperliens avec des sites affichant sérieux et professionnalisme en matière d’arts du spectacle, de recherche et de critique. Elle a maintenant ajouté une série de 82 sites nationaux sur le théâtre et les arts du spectacle qui offrent aux lecteurs de Scènes critiques un accès plus facile et une vision plus riche de ce qui se passe autour du monde.

Pour en venir à nos projets, notre numéro 14, sur « Théâtre et absence d’État en Europe », dirigé par le professeur Steve Wilmer, paraîtra en décembre 2016. Le numéro 15, sur « Théâtre/texte dramatique et critique en Afrique », dirigé par l’auteur et essayiste Femi Osofisan et Tejumola Olaniyan, avec un dossier d’essais sur la pédagogie de Mikhail Tchekhov, dirigé par la professeure Yana Meerzon, devrait paraître en juin 2017. Alors, continuez de nous suivre : il y aura toujours du nouveau. N’hésitez pas à m’écrire si vous avez des questions sur la revue, sur notre politique éditoriale, sur des enjeux académiques ou sur nos futurs numéros spéciaux.

REMERCIEMENTS : Pour réaliser ce numéro, tous les membres du Comité éditorial de Scènes critiques et tous les membres du Comex de l’AICT remercient chaleureusement le professeur Jeffrey Eric Jenkins, directeur de la publication et membre du Comex, ainsi que le Département de théâtre de l’Université de l’Illinois à Urbana, pour leur soutien financier des plus précieux. Leur générosité nous aide à poursuivre notre travail et nous leur en sommes reconnaissants.

Mes remerciements les plus vifs vont aussi à Lissa Tyler Renaud, Michel Vaïs et Mark Brown qui ont, par leurs suggestions, corrections et révisions méticuleuses, immensément contribué à maintenir le caractère bilingue de la revue. Je dois aussi des remerciements spéciaux à mes amis et collègues Jeffrey Eric Jenkins et Don Rubin, qui ont toujours été disponibles pour nous aider en donnant leur avis. Enfin, derniers mais non les moindres, merci à l’équipe Web de la revue, Tasos Paschalis et Katerina Delikonstantinidou, qui ont travaillé de nombreuses heures pour télécharger, mettre en ligne et gérer les articles afin que tout cela devienne réalité, ainsi qu’à tous les lecteurs anonymes de notre revue dont les retours ont toujours été de bon conseil.


Patsalidis
*Savas Patsalidis
est professeur de théâtre ainsi que d’histoire et de théorie du spectacle à l’École d’anglais (Université Aristote), à l’Université ouverte hellénique et à l’Académie théâtrale du Théâtre National du Nord de la Grèce. Il est aussi régulièrement chargé d’enseignement au Programme des études supérieures du Département de théâtre (Université Aristote). Il est l’auteur de treize livres sur le théâtre et la critique et la théorie du spectacle, et co-auteur de treize autres. Son ouvrage en deux volumes Theatre, Society, Nation (2010) a reçu le prix du meilleur ouvrage théâtral de l’année. Outre ses activités académiques, il œuvre comme critique de théâtre pour les revues Web onlytheatre, athensvoice, parallaxi, et le projet greekplay. Président en exercice de l’Association hellénique des critiques de théâtre et des arts du spectacle, il est rédacteur en chef de Critical Stages/Scènes critiques, la revue Web de l’Association internationale des critiques de théâtre.