Savas Patsalidis (rédacteur-en-chef)*
La plupart des dictionnaires importants (notamment Webster, Oxford et Larousse) définissent l’adaptation comme un processus de changement en vue d’un objectif ou d’une situation. Les gens, comme les animaux, s’adaptent pour survivre. On change aussi les livres, les films, les pièces pour convenir à une nouvelle situation. Bien que le mot « adaptation » soit le plus courant pour se référer à ce processus de recréation ou de remise en situation, il suscite encore une grande controverse. Aussi trouve-t-on de nombreuses étiquettes : « altération », « imitation », « dérivé », « appropriation », « abrégé », « transformation », « version », « rejeton », « tradaptation », pour n’en nommer que quelques uns. Patrice Pavis, chercheur qui a fait paraître un nombre impressionnant d’ouvrages sur ce sujet épineux, publie dans ce numéro 12 sept textes fascinants (en provenance de Grande Bretagne, de Chypre, de France et du Canada), dont chacun éclaire les conséquences culturelles et esthétiques de ce terme. Pour tenter d’élargir la portée de l’enquête, le comité éditorial a invité des auteurs connus de différents pays et continents à réfléchir, entre autres, à cet enjeu non résolu. Le lecteur trouvera leurs réponses judicieuses dans la section des Entrevues, à la fin de la revue.
En outre, il y a dans CS/SC #12 quatre articles académiques, dont la conférence inaugurale de Christopher Balme, tous présentés au colloque The Critic is Present Or: Toward an Embodied Criticism/Le critique est présent ou : Vers une critique incarnée, organisé par l’Association internationale des critiques de théâtre, l’Association nationale serbe des critiques de théâtre, ainsi que les festivals Sterijino pozorje (Novi Sad) et BITEF (en septembre 2015). Les exposés (du Portugal, d’Allemagne, de Suède et du Kazakhstan), choisis et révisés par Ivan Medenica, traitent de la position du critique quant au caractère « événementiel » de la représentation. L’article « en vedette » de ce numéro vient d’une conversation de Mark Bly avec Katalin Trencsényi, conversation qui nous donne non seulement un bon aperçu de l’histoire de la dramaturgie américaine, mais qui tente aussi de répondre à la question : Qu’est-ce que la dramaturgie ?
En juin 2015, l’Espagne a enterré formellement son plus grand écrivain, Miguel de Cervantès, près de 400 ans après sa mort, dévoilant ainsi un monument funéraire qui renferme des fragments d’os qui apparemment étaient les siens. Pour prendre part aux célébrations de cet événement et marquer le quatre centième anniversaire de la parution de la seconde partie de l’ouvrage le plus important écrit en espagnol, Don Quixote de La Mancha, CS/SC publie un article d’Irène Sadowska-Guillon « Le couple Don Miguel de Cervantès Saavedra et Don Quijote fête son quatre centième anniversaire », qu’elle a écrit spécialement pour la Section des essais. Dans la section des Critiques sur la critique, Mark Brown part de la récente mise en scène d’Hamlet à Londres (2015), avec le célèbre acteur de cinéma Benedict Cumberbatch, pour traiter de la question des « avant-premières » et des contraintes du théâtre commercial.
Dans ce numéro de CS/SC, il y a aussi une série impressionnante de critiques de spectacles (13) révisées avec soin et professionnalisme par Matti Linnavuori de Finlande, trois comptes rendus de lecture dans la section dirigée par le professeur Don Rubin du Canada, un « Guide des festivals » mis à jour et, pour la première fois, une longue liste de liens utiles (de publications, d’associations, etc), tous deux conçus par Katerina Delikonstantinidou de Grèce.
Lorsque Yun Cheol Kim a lancé CS/SC en 2009, à partir de son bureau de Séoul, en Corée du Sud, il a dit qu’il avait pour objectif de se servir de la critique de théâtre et des arts du spectacle comme d’un tremplin pour favoriser la communication entre praticiens, théoriciens et grand public ; il voulait aussi créer un « espace critique » permettant l’expansion et le développement de notre art ; enfin, augmenter le lectorat de la critique de théâtre en offrant aux lecteurs du monde entier une source d’information et un traitement dynamique des thèmes et des tendances du théâtre et des arts du spectacle contemporains sur le plan international. J’espère que ce numéro, qui vous parvient maintenant de son nouveau bureau à Thessalonique, en Grèce (depuis septembre 2015), se situe à la hauteur de ces attentes.
J’aimerais en terminant remercier le comité directeur de la revue (Don Rubin et Jeffrey Eric Jenkins), les chefs de section (Matti Linnavuori et Ivan Medenica) et les deux corédacteurs invités (le professeur Patrice Pavis et Katayoun H. Salmasi, membre de l’AICT), qui ont pris une part active au travail éditorial. Je remercie aussi chaleureusement Lissa Tyler Renaud, Michel Vaïs et Mark Brown, qui assurent comme toujours la qualité des langues officielles de la revue (l’anglais et le français), surtout pour les articles écrits par des usagers d’une autre langue maternelle. Je dois des remerciements particuliers à tous les collaborateurs de ce numéro qui ont passé du temps à nous écrire d’excellents articles.
Je ne pourrai remercier assez le webmaître de la revue, Tasos Paschalis, et mon assistante, la doctorante Katerina Delikonstantinidou, pour leurs efforts et leur travail consciencieux. Sans eux, ce numéro n’aurait jamais pu être achevé.
Dernière mais non la moindre, j’offre ma profonde gratitude à l’université de l’Illinois à Urbana-Champaign, et au directeur de son département de théâtre et vice-président de l’AICT, Jeffrey Eric Jenkins, pour un soutien financier sans lequel la revue n’aurait pas survécu. Et je remercie l’université Aristote d’héberger gratuitement notre revue.
*Savas Patsalidis est professeur de théâtre au Département des études anglaises de l’université Aristote de Salonique. Il enseigne aussi au Département de théâtre dans la même université, au sein du programme des études de 3e cycle, ainsi qu’à l’École dramatique du Théâtre National de Grèce du Nord. Parallèlement, il collabore, en tant que critique de théâtre, à deux quotidiens grecs. Son livre intitulé Théâtre, Société, Nation a obtenu en 2010 le prix de l’Association grecque des critiques de théâtre pour le meilleur essai en théorie du théâtre. Note : pour une notice biographique détaillée, voir : savaspatsalidis.blogspot.com.