Yun-Cheol Kim (Président, AICT)[1]
Pouvez-vous croire que ce numéro de Critical Stages / Scènes critiques est le 10e ? Je suis très touché par ce que nous avons réalisé ensemble, qui est, en toute honnêteté, au-delà de ce que j’aurais jamais pu imaginer. Je me rappelle clairement comme il avait été difficile de lancer cette revue. Au début, au comité éditorial, nous avions du mal à nous convaincre que — bien que tous bénévoles —, nous pourrions mettre au monde notre nouveau-né avec un budget aussi minime pour pourvoir à ses besoins essentiels.
Mais je crois aux miracles et, comme vous le savez, le miracle est arrivé. Sous la ferme férule de notre première rédactrice en chef, Maria Helena Serôdio, nous avons lancé notre premier numéro de Critical Stages / Scènes critiques à la fin de 2009. Elle a dirigé les trois premiers numéros, jetant les bases de l’approche éditoriale que nous avons ensuite développée. Depuis le numéro 4, j’ai assumé la tâche de rédacteur en chef et, avec ce numéro 10, prend fin ma contribution à notre revue en ligne.
Je veux remercier particulièrement les membres de notre comité éditorial, surtout les chefs de section Patrice Pavis, Matti Linnavuori, Don Rubin, Ivan Medenica, Savas Patsaladis, Andrea Tompa et Randy Gener, pour leur travail passionné, leurs brillantes idées et leur engagement sincère. Je suis aussi profondément reconnaissant à tous les auteurs des merveilleux articles des dix numéros que nous avons mis en ligne à ce jour. Venus du monde entier, ces auteurs ont élevé notre revue au rang d’une des meilleures publications théâtrales en ligne et des plus internationales. Pour chaque numéro, nous avons publié une moyenne de quarante articles, par vingt-cinq auteurs de vingt pays différents.
Je tiens aussi à témoigner de ma reconnaissance à Lissa Tyler Renaud, Michel Vaïs et Mark Brown, qui ont révisé les articles soumis sur le plan linguistique, avec autant de méticulosité que d’ingéniosité, pour faire de Critical Stages / Scènes critiques une revue à la fois excellente et accessible. Je souligne en particulier l’apport de Lissa, elle-même fille d’une réviseure professionnelle, qui est avec nous depuis le début et grâce à qui notre revue a pu acquérir la dimension professionnelle qui est la sienne aujourd’hui.
Malgré des efforts désespérés, nous n’avons pas réussi à complètement renverser la tendance anti-intellectuelle d’aujourd’hui, qui consiste à réduire l’espace de la critique professionnelle dans les médias conventionnels, qu’ils soient écrits, audio ou visuels. Or une des principales raisons de fonder Critical Stages / Scènes critiques était justement de combattre ce dangereux phénomène en créant notre propre espace. Je crois fermement que nous avons réussi cela dans une certaine mesure, pas de façon spectaculaire, mais au moins sur un plan professionnel. Le site de Critical Stages / Scènes critiques est tellement consulté — à la fois par le grand public et par un lectorat professionnel — que l’équipe de rédaction trouve sa cause amplement justifiée.
Mais en même temps, j’aimerais voir encore plus de praticiens prendre part à nos réflexions. Leurs réactions à nos critiques et à nos autres articles ont été assez faibles. Je suis d’avis que la critique de théâtre doit s’adresser autant aux artistes qu’au grand public. Ceux-là devraient donc être nos lecteurs les plus fidèles. Voilà pourquoi nous avons interviewé tellement de praticiens pour ce numéro 10, leur demandant leurs opinions et leurs suggestions au sujet de la critique de théâtre. Si, d’un côté, nous espérons que notre jugement a une influence sur leur travail, d’un autre, nous devons au moins écouter ce qu’ils ont à dire sur la critique. Et tout comme les artistes du théâtre sont libres d’accepter nos jugements critiques, nous sommes aussi libres de ne pas suivre leurs suggestions. Cependant, les critiques devraient au moins être prêts à être critiqués eux aussi ; c’est là quelque chose d’inhabituel, que certains pourraient trouver difficile. Je veux donc témoigner de mon immense gratitude à tous les artistes qui ont accepté une demande d’entrevue.
Enfin, je m’en voudrais de retourner au comité éditorial sans offrir d’abord mes remerciements les plus chaleureux à mes étudiants anciens et actuels, Yujin Kim, Yoonji Choi et June Kim, qui ont accompli avec adresse les tâches de téléversement, de mise en ligne et de gestion des articles des dix derniers numéros. Je remercie avec une chaleur particulière Andrew Yim, notre webmaître, qui a conçu le format de la revue malgré ses occupations considérables. Sans ses connaissances, sa compétence et son engagement,Critical Stages / Scènes critiques n’aurait jamais pu voir le jour.
Au cours de mon mandat comme rédacteur en chef de cette précieuse revue, j’ai eu la chance de pouvoir compter sur des collègues accommodants et très compétents. J’espère que la même chance accompagnera mon successeur, Savas Patsalidis. Merci, chers collègues et merci, chers lecteurs.
[1] Yun-Cheol Kim est président de l’AICT ; directeur artistique du Théâtre National de Corée ; lauréat de l’Ordre culturel de Corée ; professeur à l’École de théâtre de l’Université Nationale des Arts de Corée ; rédacteur en chef de Critical Stages / Scènes critiques. Deux fois lauréat du prix de « Critique de l’année », il a publié dix livres à ce jour, dont deux sont des anthologies de critiques de théâtre.